1 modèle 2 poses et 3 styles sur le thème de la danse. AUFFRET BABIN OLOVSON
Charles Auffret, René Babin et Gudmar Olovson sont trois sculpteurs, vivant et travaillant à Paris ; ils appartiennent au même courant de sculpture figurative centrée sur l’être humain. Ils se côtoient, échangent et se retrouvent parfois pour des séances de travail communes. Ils exposent ensemble en 1967 au théâtre du Montparnasse à Paris ; puis en 1970, à la galerie Färg och form à Stockholm (3 Parisskulptörer, exposition du 24 avril au 22 mai 1970, Färg och form, Stockholm).
Un modèle, ancienne trapéziste contrainte d’arrêter son métier à la suite d’une chute, les rassemble autour du thème de la danse. Elle est appréciée pour sa souplesse et sa faculté à tenir des positions difficiles. Lorsqu’elle pose pour Charles Auffret en 1966 cela donne naissance au modèle de La Gymnastique. Puis, c’est conjointement que René Babin et Gudmar Olovson travaillent à partir d’une attitude aérienne de la gymnaste en 1969, créant respectivement L’Étoile et La Concorde.
Voici donc trois variations sur le même thème :
Charles Auffret (1929-2001)
La Gymnastique, 1966
Épreuve en bronze, n°5/12
Fonte à la cire perdue Bodin
Signé : CH. AUFFRET
H. 21 ; L. 15 ; P. 15 cm
Bibliographie :
Charles Auffret, Sculptures – dessins, Paris, Galerie Nicolas Plescoff, 2001.
Charles Auffret (1929-2001), Sculptures - dessins, Voiron, musée Mainssieux, 2002.
Charles Auffret, Rome, villa Médicis, 9 mai – 15 juillet 2007, Somogy, 2007.
De cette sculpture émanent rudesse et douceur, force et retenue, grâce au choix de plans simples et à un modelé d’une intense sensibilité, qui se concentre sur l’essentiel. Charles Auffret affectionne cette œuvre, l’une de ses premières sculptures à faire l’objet d’une édition.
René Babin (1919-1997)
L’Étoile, 1969
Épreuve en bronze, n°1/8
Fonte à la cire perdue Attilio Valsuani
Signé : R. Babin 1969
H. 67 ; L. 34 ; P. 66 cm
Bibliographie :
3 Parisskulptörer, exposition du 24 avril au 22 mai 1970, Färg och form, Stockholm, p. 4, (repr.).
Patrice Dubois, René Babin, exposition de sculptures, Paris, Axa Assurances, avenue Matignon, octobre - novembre 2001, p. 2 (repr.).
Les architectes du sensible, Panorama de la sculpture indépendante au XXème siècle, Paris, galerie Malaquais, 14 mai - 31 juillet 2004, p. 4 (repr.).
« C’est cette aptitude à exprimer la vie dans son élan même que l’on retrouve dans l’Étoile, réalisée dans l’atelier du sculpteur Gudmar Olovson (1969), parallèlement à la version que celui-ci, sous le nom de Concorde, devait en donner. La figure est en équilibre sur une jambe, dans un mouvement plein de force, modelée pouce à pouce, dans la texture même de la glaise. Le modèle, ici, dans l’extension de ses lignes, est complètement réinventé, et doit l’essentiel de sa force au sentiment de l’auteur ; c’est ce dernier qui lui insuffle son souffle, et le dote de sa grâce. Le modelé, à la fois nerveux et serré, riche d’effets tactiles, révèle l’émotion de René Babin, et trahit pourrait-on dire son tempérament. Dans cette œuvre réalisée en quelques séances l’esprit de décision du sculpteur se manifeste de manière éclatante, apte à faire à tout moment des choix décisifs, et à trancher dans les virtualités du vivant » (Patrice Dubois, René Babin, exposition de sculptures, Paris, Axa Assurances, avenue Matignon, octobre - novembre 2001, p. 2.).
Gudmar Olovson (1936-2017)
La Concorde, 1969
Épreuve en bronze
Fonte à la cire perdue Valsuani
Signé : Gudmar
H. 72 cm
Bibliographie :
Harald Friberg, Patrice Dubois, Gudmar Olovson, Sculptor, Suède, Warne Förlag, 2006
Dubois, Patrice, Gudmar Olovson, sculpteur, Wärne Förlag, 2006.
« La figure est en équilibre, bien plantée sur sa jambe gauche, la droite rejetée en arrière. Là où René Babin, sans sacrifier à l’architecture générale, met l’accent sur la nervosité du modelé, Gudmar Olovson se montre davantage sensible à l’élan de la ligne. La jambe droite est placée haut, la cuisse presque tendue. Le pied, le mollet, puis la jambe zèbrent l’espace de leur rythme, comme un grand paraphe, avant de pivoter autour du genou et de remonter vers le torse. C’est cette franchise de lignes courbes, avec leur fluxion et leur cadence, dessinant comme une arabesque dans l’espace qui, par une sorte de métonymie plastique, suscite une sensation d’envol. » (Dubois, Patrice, Gudmar Olovson, sculpteur, Wärne Förlag, 2006, p.18.).
Dans les sculptures de Babin et Olovson, la composition intègre l’air environnant : la forme est ouverte ; à l’inverse, la composition de La Gymnastique d’Auffret est serrée, concentrée. Babin et Auffret sont tous deux admirateurs de Degas. Ils laissent le travail du modelé visible, ce qui procure une vie frémissante à la sculpture. Olovson met plutôt la ligne en avant. Chez Auffret ou chez Olovson, les compositions sont souvent dynamiques car la question du mouvement est fondatrice chez eux. Cette question est plus ténue chez Babin qui compose habituellement avec des lignes serpentines dans un bloc statique.