La nécessité du dessin, entretien avec Charles Auffret, 1997
René Lesné : Une question est au centre de nos préoccupations. Dans le cadre de la réorganisation des études, le dessin est défini comme constituant la colonne vertébrale de la formation. En quoi consiste pour vous cette colonne vertébrale ?
Charles Auffret : Dans une école d’art, le dessin est la charpente, l’âme de l’éducation artistique. Il sert au peintre, au sculpteur, au designer, à l’architecte, au metteur en scène, au décorateur. Il est incontournable.
C’est une gymnastique de l’esprit. Il faut apprendre à chercher. Il faut éduquer l’œil : un homme, un artiste qui pénètre dans le domaine de l’art prendra des libertés plus tard, mais il faut qu’il ait l’œil juste, l’œil exact, comme un musicien doit avoir l’oreille juste, l’oreille exacte, sinon il ne peut pas trouver les rapports entre son œuvre et lui ; il ne peut pas trouver l’harmonie.
L'Homme à l'affût, Richard Peduzzi, 2001
La dernière fois que je l’ai vu, nous étions dans son atelier, nous parlions, regardions ses sculptures, ses derniers dessins, nous étions assis tous les trois avec Jean-Baptiste.
Le jour est tombé, les figures semblaient danser autour de nous, elles semblaient participer à ce moment de grâce qui nous accompagnait, nous étions si bien, isolés du bruit et des regards indiscrets, nous avons continué à parler dans l’obscurité, puis je suis parti dans la nuit. Je me suis retourné sur moi-même et j’ai revu cet instant décisif qui a déterminé le sens de mon existence.
Préface du catalogue d’exposition à Blois, Patrice Dubois, 1979
« Nulle création n’est une œuvre d’art si elle ne contribue à nous humaniser » Berenson
Si l'on veut pénétrer profondément dans l'art d'un maître, c'est toujours de ses dessins qu'il faut partir et c'est vers eux sans cesser qu'il faut retourner. C'est par le dessin en effet que l'artiste élabore sa conception de la forme ; c'est par son expression qu'il se révèle tout entier.
Ses faiblesses, s'il s'agit d'un faiseur, sa justesse et son originalité dans le cas d'un créateur authentique, sont aussitôt mis à nu. D'une exposition de dessins, les purs sortent toujours vainqueurs ; les "autres" comme disait Ségonzac, hormis les cas de vanités incompressibles, ne s'y risquent jamais.
Un monde sans parole, Henri Mercillon, 1994-1995
Rien ne destinait Charles Auffret (né en 1929) à s’orienter vers l’art de la sculpture. Il rappelle souvent que dans son milieu on ne fréquentait pas les musées, on vivait simplement en symbiose avec le monde rural. De ce monde rural, il possède la robustesse, le bon sens et la simplicité. Malgré les réticences familiales, il s’inscrit à l’École des beaux-arts de Dijon. Il y apprend le modelage, la taille de la pierre et le moulage. C’est à Paris qu’il découvre l’œuvre de Malfray, puis celle de Despiau. Il se lie alors avec Raymond-Martin. En 1955, il rencontre Jean Carton pour lequel il ne cessera d’éprouver une grande admiration.